top of page

La thérapie par téléphone : une distance qui rapproche

  • Photo du rédacteur: Candice Verbist
    Candice Verbist
  • 14 mai
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 15 mai


Pendant longtemps, la thérapie a été associée à une image très précise : deux personnes dans une pièce, l’une écoutant, l’autre parlant, les regards s’échangeant, le silence parfois pesant ou porteur. Pourtant, les modes de consultation évoluent, et la thérapie à distance (visio ou téléphone) a trouvé peu à peu sa place, au-delà des contraintes pratiques ou sanitaires.


Comment me positionner face à ces nouvelles modalités de consultation? J'ai très vite été encombrée, dérangée par la visioconférence, perturbée par la vision de la personne au travers de l'écran. Je ne m'y retrouvais pas et avais le sentiment qu'il s'agissait d'une "sous- consultation". Une sorte d´ersatz de séance. Pourtant la demande était là et s´imposait à moi.


Alors j'ai trouvé la parade: utiliser uniquement la voix en restant dans le simple appel téléphonique. Je pensais "bricoler" une solution là où j'ai, en réalité, trouvé une autre manière d'être à l'autre.


"Il suffit d'écouter les patients" me disait une formatrice. Grâce à Léa, ma patiente depuis deux ans, j'ai compris que l´appel, la voix sans l´image, pouvait être un vrai choix thérapeutique. Celle-ci me parlait du besoin de garder nos séances alors qu'elle partait sillonner le monde. Je lui offre alors cette possibilité. Elle me rétorque "c'est une très bonne idée et d'ailleurs je crois que je pourrai aller plus loin dans mon travail thérapeutique si on n'est plus en face à face. Je pourrai aller dans des endroits de mon âme impossibles à atteindre si on est physiquement ensemble".

On imagine souvent que l’absence de regard, de langage corporel, pourrait nuire à la qualité de l’échange. C’est vrai que le téléphone fait tomber certains repères habituels. Mais c’est aussi ce qui ouvre la voie à d’autres formes de présence.

Dans la thérapie par téléphone, la voix prend toute la place. Elle devient le canal principal par lequel passent les émotions, les hésitations, les silences aussi. Le lien thérapeutique ne dépend plus de la proximité physique, mais de la qualité de l’écoute, de l’intention, du rythme des échanges. Et cela suffit largement à créer un espace sécurisant et porteur.


Pourquoi consulter par téléphone ?

  • Accessibilité : pour les personnes à mobilité réduite, en déplacement, ou vivant dans une zone mal desservie, c’est une solution précieuse.

  • Confort : certains patients se sentent plus libres de parler sans le regard de l’autre. Cela peut être un soulagement, surtout en début de thérapie ou pour aborder des sujets délicats.

  • Continuité : en cas d’imprévu, d’empêchement ponctuel ou de besoin urgent, le téléphone permet de maintenir un suivi régulier.

  • Souplesse : la consultation peut se faire dans un lieu familier, dans un moment choisi, parfois même avec une liberté de ton qu’on ne trouve pas toujours dans un cadre physique.


Ce qui se passe au téléphone est parfois étonnamment riche. La parole se fait plus directe, plus intime. Les silences n’ont pas la même densité, mais ils sont là aussi. Le patient peut s’exprimer différemment, parfois avec plus de spontanéité, sans la crainte d’être observé.

De nombreux thérapeutes observent que certains patients, réservés ou très anxieux en présence directe, parviennent à livrer plus facilement leurs ressentis ou leurs blessures par téléphone. Comme si la distance offrait une forme de protection symbolique, permettant à la parole de se poser sans filtre.


Même à distance, le cadre reste le même : confidentialité, régularité, durée de la séance, posture thérapeutique. Le téléphone ne dégrade pas l’alliance thérapeutique, à condition que chacun respecte cet espace comme un moment à part, dédié, centré sur soi.

Il ne s’agit pas de discuter en marchant dans la rue ou entre deux réunions, mais de créer, même chez soi, un coin calme, un instant de disponibilité, pour que la séance ait tout son sens.


La thérapie par téléphone n’est pas une alternative au rabais. C’est une modalité à part entière, avec ses spécificités, ses atouts, ses limites aussi — comme toute forme de soin.

Elle peut permettre de débloquer, de commencer, de maintenir, de continuer un travail thérapeutique là où la vie, parfois, met des obstacles.

Et pour certains, elle devient une manière durable de faire de la place à soi, dans un monde où tout va vite, mais où une voix attentive, à l’autre bout du fil, peut changer beaucoup de choses.

 
 

©2020 par Candice Verbist. Créé avec Wix.com

bottom of page