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Le rôle de l’alliance thérapeutique dans une psychothérapie réussie

  • Photo du rédacteur: Candice Verbist
    Candice Verbist
  • 17 mai
  • 4 min de lecture

On me demande parfois si l’efficacité d’une thérapie repose sur la méthode utilisée : thérapie systémique, cognitivo-comportementale, analytique, etc. Bien sûr, l’approche compte. Mais après des années de pratique, je suis convaincue que ce qui fait vraiment la différence, c’est la qualité de la relation entre le patient et le thérapeute. Ce qu’on appelle l’alliance thérapeutique.

L’alliance, c’est ce lien singulier, fait de confiance, de respect, d’engagement réciproque. C’est sentir que l’on peut parler sans être jugé, que l’on est accueilli tel que l’on est. C’est de savoir que l’autre est là pour nous aider à avancer, même si cela implique parfois d’affronter des zones d’inconfort.


Une relation humaine avant tout


Je me souviens d’une jeune femme venue me consulter après deux tentatives infructueuses avec d’autres thérapeutes. Elle me disait : « Je n’arrivais pas à parler, je ne me sentais pas comprise. » Ce n’était pas une question de compétence technique, mais de ressenti. Avec moi, quelque chose s’est passé. Un ton de voix, une posture, un regard. Une rencontre.

C’est pour cela que je dis souvent que choisir son thérapeute c'est avant tout une rencontre humaine. Certains patients ont besoin de structure, d’autres de souplesse. Certains avancent par la parole, d’autres par les silences. En tant que thérapeute, je m’adapte à chaque patient, tout en gardant un cadre clair.


L’alliance thérapeutique ne se construit pas en un jour. Elle se tisse au fil des séances, dans les mots comme dans les non-dits. Elle repose sur une responsabilité partagée : le patient s’engage à explorer, à s’impliquer ; le thérapeute s’engage à être présent, régulier, à offrir un espace sûr.

Je préviens toujours les patients lors de la première rencontre : « Ce n’est pas un monologue. Je vais vous poser des questions librement, parfois vous surprendre, décaler le regard. » Cette franchise pose d’emblée un contrat : nous allons travailler ensemble. Pas moi seule, pas vous seul.

Certaines alliances se forment très vite. D’autres demandent plus de temps. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise vitesse. Mais quand la confiance s’installe, je vois chez le patient une ouverture. Une envie de comprendre, de changer, de se rencontrer vraiment.


Quand l’alliance vacille


Il arrive que l’alliance soit mise à l’épreuve. Une interprétation mal reçue, un moment où le patient se sent incompris, une absence mal ressentie. Ce sont des instants fragiles, mais précieux. Car les nommer permet de renforcer la relation.


J’ai en mémoire un patient haut potentiel avec qui le lien a été ébranlé et mes compétences mises à rude épreuve. Après plusieurs mois de thérapie où je m´accrochais pour suivre toutes ses réflexions intellectuelles, où je peinais à rebondir sur tous ses développements philosophiques, celui-ci assène, entre colère et tristesse, un: "je suis déçu et je ne sais pas dans quelle mesure nos échanges m'aident...". Interdite, je reste sans voix quelques instants. Et puis ça me vient: ce patient me fait confiance et déploie une franchise qu'il n'a jamais pu manier dans ses relations. Et c'était précisément l´objet de sa démarche thérapeutique: il ne pouvait jamais connecter de manière sincère avec autrui car il était trop différent. Il devait sans cesse jouer un rôle :"je sais jouer à la personne normale" me disait-il. Et c'était là au cœur de cet échange, grâce à cet aveu rugueux que tout s´est joué. La thérapie a pris une autre tournure dès le moment où je lui ai répondu :"merci pour votre franchise et votre confiance. Vous me confiez ce qui est la douleur de votre vie: l'autre est toujours décevant pour vous. Nous allons travailler là-dessus et réfléchir à comment faire pour établir des liens profonds et nourrissants avec les autres même s'ils sont décevants."

Nous avons pu parler de ce ressenti, de ses peurs de rejet. Ce moment a été décisif. Il a consolidé notre lien.

Ce patient terminera notre thérapie par un "merci, il y a aura incontestablement un avant et un après notre rencontre". Phrase que je garde dans mon cœur de thérapeute.


L’alliance, ce n’est donc pas une harmonie constante. C’est un lien vivant, qui peut être interrogé, consolidé, ajusté. Et c’est souvent dans ces petits mouvements que se joue la transformation.


Toutes les études le montrent : l’efficacité d’une thérapie dépend beaucoup de l’alliance thérapeutique. Même dans les approches les plus techniques, ce lien reste central. Car c’est lui qui permet de s’aventurer en terrain incertain, de revisiter des souvenirs douloureux, de sortir des automatismes.


Dans mon accompagnement, je veille à incarner cette alliance. Je suis présente, impliquée, claire. Je ne suis pas une figure distante ou toute-puissante. Je suis une professionnelle engagée, mais aussi un humain en relation avec un autre humain.


C’est ce qui, à mon sens, permet aux patients de se sentir suffisamment sécurisés pour oser. Et là, la thérapie peut déployer tout son potentiel : non pas réparer, mais transformer. Non pas guérir au sens médical, mais redonner du mouvement, du sens, de la liberté.

Parfois, il suffit d’une seule relation sincère, sûre, stable, pour amorcer un changement profond. L’alliance thérapeutique, quand elle fonctionne, devient ce socle sur lequel le patient peut, enfin, se reposer un peu et commencer à se reconstruire à son rythme.


 
 

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