L'art-thérapie : quand créer devient soigner
- Candice Verbist
- 29 avr.
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 5 jours

Depuis de nombreuses années, je m’intéresse aux liens entre création et transformation intérieure. Psychothérapeute de formation, mais aussi dessinatrice et peintre depuis toujours, j’ai souvent observé combien l’acte de créer pouvait accompagner des mouvements profonds en nous, parfois même plus directement que les mots.
C’est donc assez naturellement que je me suis tournée vers l’art-thérapie. Ce concept m’a immédiatement parlé, mais j’ai voulu l’aborder avec rigueur, sans projection naïve ni idéalisation. Je me suis documentée, j’ai observé, j’ai expérimenté. Et je dois dire que mes premiers essais sont à la fois passionnants et prometteurs.
Une autre voie d’expression
L’art-thérapie repose sur une idée simple mais puissante : permettre à la personne d’exprimer ce qu’elle vit à travers un support artistique plutôt qu’exclusivement par la parole. Couleurs, formes, mouvements, textures… tout devient langage. Et c’est justement là que cela devient intéressant : certaines émotions, certains vécus, n’ont pas encore trouvé leurs mots. Mais ils peuvent trouver un trait, un geste, une trace.
Dans mes premiers essais, j’ai proposé à quelques patient(e)s de créer librement pendant la séance, sans attente de résultat. Ce qui m’a frappée, c’est à quel point la main savait parfois ce que la bouche n’osait pas dire. Et surtout : comme cela faisait du bien. Soulagement, surprise, émergence de souvenirs, apaisement… Les effets ont été variés, mais tous sensibles et justes.
Une approche complémentaire, pas un remède miracle
Soyons clairs : l’art-thérapie n’est pas une recette magique. Elle ne convient pas à tout le monde, et ne remplace pas les fondations solides d’un travail thérapeutique. Mais dans certains contextes, elle ouvre une fenêtre. Une respiration. Un accès différent à l’expérience intérieure.
Je pense notamment à des patients très cérébraux, ou à ceux qui disent “je ne ressens rien” : parfois, leur simple contact avec une matière (papiers, pastels, peinture) déclenche une émotion qu’ils ne pensaient plus avoir. Ce n’est pas spectaculaire — mais c’est profondément humain.
En tant que peintre, j’ai dû aussi faire attention à ne pas projeter ma propre passion sur l’autre. Ce n’est pas mon plaisir de créer que je transmets, mais un espace à construire ensemble. Un espace sans jugement esthétique, sans pression de “réussir”, où l’on a le droit de gribouiller, de rater, de recommencer. Cet aspect a été fondamental pour moi. Car il ne s’agit pas d’amener l’autre à aimer l’art, mais à se découvrir à travers un geste libre.
Et ensuite ?
Je poursuis mes explorations avec prudence et enthousiasme. Je me forme, j’échange, je teste. L’art-thérapie s’inscrit désormais dans ma boîte à outils thérapeutique, au même titre que d’autres approches que je pratique depuis longtemps. Elle ne les remplace pas, mais les complète avec une belle cohérence.
Et, au fond, quelle plus belle rencontre que celle entre ce qui soigne et ce qui crée ?